Le troisième axe explore quant à lui les relations entre la création sonore et la performativité dans des pratiques où l’oralité est centrale. La voix constitue en effet un point d’articulation fertile entre le corps et la production sonore, mais que performe-t-elle? Manifeste-t-elle la disparition de son origine organique lorsqu’elle s’échappe du corps pour devenir ondes sonores? Ou permet-elle plutôt une survie de celle-ci dans de nouveaux corps sonores? Pour boucler la boucle et lier la question de l’oralité à celle de l’agentivité, il est intéressant de citer Jacques Derrida au sujet du concept d’auto-affectation de la voix :
L’auto-affection comme opération de la voix supposait qu’une différence pure vînt diviser la présence à soi. C’est dans cette différence pure que s’enracine la possibilité de tout ce qu’on croit pouvoir exclure de l’auto-affection : l’espace, le dehors, le monde, le corps, etc. Dès qu’on admet que l’auto-affection est la condition de la présence à soi, aucune réduction transcendantale pure n’est possible. Mais il faut passer par elle pour ressaisir la différence au plus proche d’elle-même : non pas de son identité, ni de sa pureté, ni de son origine. Elle n’en a pas. Mais du mouvement de la différance. Ce mouvement de la différance ne survient pas à un sujet transcendantal. Il le produit. (Derrida, 1967 : 92)