Le second axe porte sur la performativité inhérente à la saisie en actes des contingences émergentes dans les pratiques sonores où l’improvisation est une méthode de création privilégiée. Il s’agit d’observer si l’acte improvisé a un potentiel heuristique en performance sonore et permet effectivement à l’artiste de faire des découvertes qui excèdent ses intentions initiales. Il s’agit aussi d’examiner si un processus de création improvisé favorise l’émergence d’abstractions conceptuelles inédites et d’observer comment elles sont actualisées dans divers travaux artistiques. Par exemple, dans une performance sonore improvisée, l’aspect transitoire de l’immédiateté du changement temporel est saisi en actes par l’improvisateur·trice qui « imprègne tout le matériau de sa présence temporalisante, et le matériau devient en quelque sorte sa mémoire à titre de qualité esthétique à élaborer » (Ratté, 1999 : 174). Toutefois, le matériau d’une improvisation est d’emblée indéterminé et « l’improvisateur produit une musique qui constitutivement lui échappe » écrit Michel Ratté (1999 : 14) à propos de la musique improvisée. L’improvisateur·trice génère ainsi un matériau qui l’excède à travers un art de faire avec les contingences qui jaillissent continuellement dans le déploiement temporel d’une improvisation.